Internet des objets : SAP ouvre un centre d'expérimentation en France

Le géant allemand mise sur les objets connectés pour doper ses revenus.
Il veut aussi changer d'image et devenir une référence pour les projets d'innovation.

C'est le tout premier du genre. Mercredi, le géant allemand du logiciel SAP a inauguré son centre Leonardo - du nom de la plate-forme d'innovation du groupe - au 20e étage de sa tour de Levallois-Perret. C'est ici, sur un vaste plateau de 750 m2, que les clients seront invités à venir - gratuitement - concevoir les prototypes de leurs produits et services du futur. SAP France, qui a prévu d'affecter une dizaine de salariés et alloue un budget de 1 million d'euros par an à cette initiative, compte ainsi accueillir quatre à cinq projets clients de manière concomitante sur des durées d'environ trois mois. La France devient ainsi le premier pays à mettre en place ce type d'infrastructure, qui a vocation à essaimer. « Trois autres nouveaux centres Leonardo doivent ouvrir d'ici à la fin de l'année à Berlin, à Palo Alto et à Bangalore », explique Marc Genevois, le dirigeant de SAP France.

De quoi s'agit-il ? Depuis deux ans, le siège français de SAP dispose déjà d'un « experience briefing center », un centre d'innovation de 3.000 m2, par lequel 25.000 visiteurs sont déjà passés pour essayer, le temps d'une journée, d'imaginer de nouvelles idées pour développer leur entreprise, en s'inspirant d'expériences menées dans d'autres secteurs. SAP a même recréé une petite boutique, un modèle réduit de chaîne d'assemblage et disposera bientôt d'une chambre d'hôpital futuriste pour aider les cadres à phosphorer à grand renfort de post-it et d'écrans géants.

Jusqu'alors, le voyage s'arrêtait au stade de l'idée, c'est-à-dire avant de convertir toutes ces belles idées en prototypes et, éventuellement, les déployer à grande échelle... en générant des revenus pour les logiciels du groupe de Walldorf, en premier lieu via Leonardo.

Cette plate-forme, qui a été pendant plusieurs années un outil cantonné à la numérisation du circuit logistique, a récemment pris une toute autre envergure pour le groupe. Elle doit en effet permettre aux clients de SAP de gérer des flottes d'objets connectés, mais aussi de profiter des technologies les plus récentes, qu'il s'agisse d'analyse prédictive de données ou de blockchain. SAP en fait la clef pour connecter les entreprises au monde qui les entoure et renouveler leurs modèles économiques. Parmi les projets en cours, Café Richard travaille par exemple à déployer des machines à café truffées de capteurs pour faciliter la maintenance ou proposer de nouveaux services, tandis que la ville d'Antibes barde son réseau de distribution d'eau de puces pour contrôler le débit et assurer la sécurité de l'approvisionnement.

 

Opportunité commerciale

L'enjeu, pour SAP, est de ne plus seulement être l'interlocuteur de référence sur son coeur de métier - les logiciels qui permettent d'automatiser et d'améliorer les processus internes de l'entreprise - mais aussi sur tous les sujets d'innovation et de transformation numérique des entreprises. C'est une énorme opportunité commerciale - la plus grande pour SAP depuis un quart de siècle, assurait récemment aux « Echos » son patron Bill McDermott. La firme estime que les revenus tirés de Leonardo devraient tripler d'ici trois ans, pour atteindre de 20 à 30 % du chiffre d'affaires, qui frôlera d'ici là la barre des 30 milliards d'euros. C'est aussi un excellent levier pour dépoussiérer son image et attirer à lui de nouveaux clients, y compris sur son coeur de métier.

Sébastien Dumoulin, Les Echos
 
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